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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/271

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aujourd’hui. Quant à lui, il est prêt à se démettre d’une autorité qui ne serait qu’un vain honneur et non un moyen de délivrance ; » et, pour prouver la sincérité de ses espérances, il fait avancer des esclaves prisonniers, qu’il présente comme légionnaires, et qui, sous sa pression, déclarent que, dans trois jours, les Romains, privés de vivres, seront obligés de lever le siège. Son discours est reçu aux acclamations de l’armée, et tous y applaudissent par le choc retentissant de leurs armes, à la manière gauloise. On souvient d’envoyer à Avaricum dix mille hommes, pris parmi les différents contingents, afin de ne pas laisser aux Bituriges seuls la gloire du salut d’une place d’où dépend en grande partie le sort de la guerre.

Les Gaulois, doués du génie de l’imitation, luttaient par tous les moyens possibles contre la rare persévérance des soldats romains. Ils détournaient les béliers à tête aiguë (falces)[1] avec des lacets, et, une fois accrochés, ils les tiraient à eux au moyen de machines[2]. Habitués au travail des mines de fer et à la construction des galeries souterraines, ils contre-minaient habilement la terrasse, et garnissaient aussi leurs murailles de tours à plusieurs étages recouvertes en cuir. Jour et nuit ils faisaient des sorties, et mettaient le feu aux ouvrages des assiégeants. À mesure que l’accroissement journalier de la terrasse exhaussait le niveau des tours, les assiégés élevaient les leurs à la même hauteur au moyen d’échafaudages ; ils arrêtaient le progrès des galeries souterraines, empêchaient de les pousser jusqu’aux murailles en tâchant de les effondrer avec des pieux

  1. Voir la citation de Végèce, ci-dessus, p. 128, note 1.
  2. On lit dans Vitruve à propos du siège de Marseille : « Lorsque la tortue s’approcha pour battre la muraille, ils descendirent une corde armée d’un nœud coulant dans lequel ils prirent le bélier, et en levèrent la tête si haut, à l’aide d’une roue à tympan, qu’ils l’empêchèrent de frapper la muraille. » (Vitruve, X, xvi).