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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/274

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arriver jusqu’aux ouvrages incendiés. Persuadés que le salut de la Gaule dépendait de cette heure suprême, les barbares remplaçaient sans cesse les troupes fatiguées. Alors se passa un fait digne de remarque : devant la porte de l’oppidum était un Gaulois qui jetait dans le feu, en face d’une tour romaine, des boules de suif et de poix ; un trait parti d’un scorpion[1] le frappa au côté droit et le tua. Le plus proche le remplace aussitôt, et périt de même ; un troisième lui succède, puis un quatrième, et le poste n’est abandonné qu’après l’extinction du feu et la retraite des assaillants.

Après tant d’efforts infructueux, les Gaulois résolurent le lendemain d’obéir à l’ordre de Vercingetorix et d’évacuer la place. Son camp n’étant pas éloigné, ils espéraient, à la faveur de la nuit, s’échapper sans grandes pertes, comptant sur un marais continu pour protéger leur retraite. Mais les femmes, désespérées, s’efforcent de les retenir, et, voyant leurs supplications impuissantes, tant la crainte étouffe la pitié, elles avertissent par des cris les Romains et obligent ainsi les Gaulois à renoncer à la fuite projetée.

Le lendemain César fit avancer une tour et poursuivre les travaux avec vigueur ; une pluie abondante et la négligence des ennemis à garder la muraille l’engagèrent à tenter un assaut. Il ordonna alors de ralentir le travail sans l’interrompre complètement, afin de ne pas éveiller les soupçons, rassembla ses légions en armes, à l’abri derrière les galeries couvertes (vineas), et leur annonça qu’elles allaient recueillir le fruit de tant de fatigues. Il promit des récompenses aux premiers qui escaladeraient l’enceinte, et donna le signal. Les Romains s’élancèrent aussitôt de toutes parts, et couronnèrent la muraille.

  1. On appelait ainsi une petite machine, dans le genre des balistes, qui lançait des traits. Ces scorpions composaient pour ainsi dire l’artillerie de campagne des anciens.