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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/277

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torité suprême n’était conférée qu’à un magistrat unique nommé pour un an. En ce moment, néanmoins, il s’en présentait deux, qui se disaient l’un et l’autre légalement élus. Le premier était Convictolitavis, jeune homme d’une naissance illustre ; le second, Cotus, issu d’une très-ancienne famille, puissant aussi par son crédit personnel, ses alliances, et dont le frère, Valetiacus, avait, l’année précédente, rempli la même charge. Le pays était en armes, le sénat divisé ainsi que le peuple, chacun des prétendants à la tête de ses clients. L’autorité de César pouvait seule empêcher la guerre civile. »

Le général romain crut essentiel de prévenir les troubles d’un État important, étroitement lié à la République, et où le parti le plus faible ne manquerait pas d’appeler Vercingetorix à son aide. Aussi, malgré l’inconvénient de suspendre les opérations militaires et de s’éloigner de l’ennemi, il résolut de se rendre chez les Éduens, dont le premier magistrat ne pouvait, d’après les lois, sortir du territoire. Ayant tenu ainsi à prouver le respect qu’il portait à leurs institutions, il arriva à Decetia (Decize, dans le Nivernais), où il fit comparaître le sénat et les deux prétendants[1]. Presque toute la nation s’y transporta. César acquit la conviction que l’élection de Cotus était le résultat d’une intrigue de la minorité, l’obligea à se démettre, et maintint Convictolitavis, élu par les prêtres selon les formes légales et les coutumes du pays.

Après cette décision, il engagea les Éduens à oublier leurs querelles, à se vouer tout entiers à la guerre ; la Gaule une fois soumise, il les récompenserait de leurs sacrifices. Il exigea d’eux toute leur cavalerie et dix mille fantassins, se proposant de les distribuer de manière à assurer le service

  1. Il est très-probable que César se rendit d’abord à Noviodunum (Nevers), puisqu’il nous apprend (VII, lv) qu’il avait établi dans cette ville un grand dépôt et des approvisionnements de toute sorte.