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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/284

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au lieu de se rendre au camp des Romains. Mais avant de prendre cette détermination, il livre au pillage un convoi de vivres qui marchait sous sa protection, fait périr dans les supplices les Romains qui le conduisaient ; il envoie ensuite des messagers pour soulever, au moyen de la même imposture, tout le pays des Éduens. Eporedorix et Viridomare, dont il avait faussement annoncé la mort, étaient auprès de César, qui, par faveur spéciale, avait élevé ce dernier d’un rang infime à une haute dignité. Eporedorix, informé du dessein de Litavicus, vint au milieu de la nuit en instruire le proconsul, le suppliant de ne pas permettre que la folie de quelques jeunes gens détachât son pays de l’alliance romaine. Il serait trop tard lorsque tant de milliers d’hommes auraient embrassé le parti contraire.

D’autant plus affecté de cette nouvelle, qu’il avait toujours favorisé les Éduens, César prend sur-le-champ quatre légions sans bagages et toute la cavalerie ; il ne se donne pas le temps de rétrécir l’enceinte des deux camps, car tout dépend de la célérité. Son lieutenant, C. Fabius, est laissé pour les garder avec deux légions. Il donne ordre d’arrêter les frères de Litavicus et apprend qu’ils viennent de passer à l’ennemi. Ses soldats, encouragés à supporter les fatigues de la marche, le suivent avec ardeur, et à vingt-cinq milles environ de Gergovia (près de Randan, sur la route que Litavicus devait suivre pour rejoindre Vercingetorix) ils rencontrent les Éduens. La cavalerie, envoyée en avant, a l’ordre de leur barrer le chemin sans se servir de ses armes. Eporedorix et Viridomare, qu’on avait fait passer pour morts, sortent des rangs, parlent à leurs concitoyens et sont reconnus. Dès que l’imposture de Litavicus est découverte, les Éduens jettent leurs armes, implorent leur grâce et l’obtiennent. Litavicus s’enfuit à Gergovia avec ses clients, qui jamais en Gaule n’abandonnaient leurs patrons, même dans la plus mauvaise fortune.