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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/297

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approvisionnèrent largement l’armée, et se dirigea vers le pays des Sénonais[1].


Expédition de Labienus contre les Parisiens.

IX. Tandis que le centre de la Gaule était le théâtre de ces événements, Labienus s’était porté avec quatre légions vers Lutèce, ville située dans une île de la Seine, oppidum des Parisiens. Après avoir laissé les bagages à Agedincum (Sens)[2] sous la garde des troupes récemment arrivées d’Italie pour remplir les vides, il suivit, à partir de Sens, la rive gauche de l’Yonne et de la Seine, voulant éviter tout cours d’eau important et toute ville considérable[3]. À la

  1. Guerre des Gaules, VII, lvi.
  2. On a trouvé à Sens une balle de fronde en plomb sur laquelle sont imprimés en relief ces mots : T. Labienus. Cette balle fait partie de la collection du musée de Saint-Germain.
  3. MM. De Saulcy et J. Quicherat ont déjà démontré d’une manière évidente que Labienus avait dû suivre la rive gauche de l’Yonne en quittant Sens et qu’il passa sur la rive droite de la Seine à Melun. En effet, Labienus sur la rive droite se trouvait, comme le dit César, menacé d’un côté par les Bellovaques, de l’autre par l’armée de Camulogène (VII, lix). Sur la rive opposée, au contraire, Labienus n’eût pas été placé entre les deux, puisqu’il aurait eu Camulogène en face de lui et, plus loin, les Bellovaques venant du nord.

    « Un très-grand fleuve tenait les légions séparées de leur réserve et de leurs bagages. » Ce très-grand fleuve ne peut pas être la Marne, dont César ne parle même pas dans tout le cours de cette campagne : c’est évidemment la Seine, que Labienus a traversée une seule fois à Melodunum (Melun) ; en passant sur la rive droite, il se trouvait coupé de sa base d’opérations, qui était à Sens. — Dans l’hypothèse contraire, aucun fleuve n’aurait séparé Labienus de sa ligne de retraite ; à moins d’admettre, avec Dulaure et plusieurs autres, l’identité d’Agedincum avec Provins, ce qui n’est plus possible.

    Le capitaine d’état-major Rouby a fait, sur les lieux, des reconnaissances qui prouvent qu’en partant de Sens les plus anciennes voies conduisant à Paris passaient sur la rive gauche de l’Yonne et de la Seine. D’ailleurs, les découvertes de M. Carré ont indiqué exactement la direction que prenait la voie romaine en quittant Sens pour conduire à Paris : elle était tout entière sur la rive gauche de l’Yonne. Si le lieutenant de César avait suivi la rive droite de l’Yonne, il eût été, dès le lendemain de son départ, arrêté par le cours de la Seine, et serait venu se heurter contre la ville gauloise de Condate, établie