Aller au contenu

Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

veille (minuit), et, revenant sur ses pas, arriva à Melun, oppidum des Sénonais, situé, ainsi que Lutèce, dans une île de la Seine. Il s’empara d’une cinquantaine de bateaux, les joignit ensemble, les chargea de soldats, et sans coup férir entra dans la place. Effrayés de cette attaque soudaine, les habitants, dont une grande partie avait répondu à l’appel de Camulogène, n’opposèrent aucune résistance. Peu de jours auparavant, ils avaient coupé le pont qui unissait l’île à la rive droite ; Labienus le rétablit, le fit passer à ses troupes, et se dirigea vers Lutèce, où il arriva avant Camulogène. Il prit position vers l’endroit où est aujourd’hui Saint-Germain-l’Auxerrois. Camulogène, averti par ceux qui s’étaient enfuis de Melun, quitte sa position sur l’Essonne, retourne à Lutèce, ordonne de l’incendier et de couper les ponts, puis vient camper sur la rive gauche de la Seine, en face de l’oppidum, c’est-à-dire vers l’emplacement actuel de l’hôtel de Cluny.

Déjà le bruit courait que César avait levé le siège de Gergovia ; déjà se répandait la nouvelle de la défection des Éduens et des progrès de l’insurrection. Les Gaulois répétaient à l’envi que César, arrêté dans sa marche par la Loire, avait été contraint, faute de vivres, de se retirer vers la Province romaine. À peine les Bellovaques, dont la fidélité était douteuse, eurent-ils appris le soulèvement des Éduens qu’ils rassemblèrent des troupes et se préparèrent ouvertement à la guerre.

À la nouvelle de tant d’événements contraires, Labienus sentit toute la difficulté de sa situation. Placé sur la rive droite de la Seine, il était menacé, d’un côté, par les Bellovaques, qui n’avaient qu’à passer l’Oise pour tomber sur lui ; de l’autre, par Camulogène, à la tête d’une armée exercée et prête à combattre ; enfin un grand fleuve, qu’il avait traversé à Melun, le séparait de Sens, où se trouvaient ses dépôts et ses bagages. Pour sortir de cette position péril-