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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/326

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devant son camp, à l’intérieur des retranchements ; les chefs sont amenés, les armes sont déposées, et Vercingetorix se rend au vainqueur. Ce vaillant défenseur de la Gaule arrive à cheval, revêtu de ses plus belles armes, fait le tour du tribunal de César, met pied à terre, et, déposant son épée et ses insignes militaires, il s’écrie : « Tu as vaincu un brave, toi, le plus brave de tous[1] ! » Les prisonniers furent distribués par tête à chaque soldat, à titre de butin, excepté les vingt mille qui appartenaient aux Éduens et aux Arvernes, et que César leur rendit, dans l’espoir de ramener ces peuples à sa cause.

Voici comment Dion-Cassius raconte la reddition du chef gaulois : « Après cette défaite, Vercingetorix, qui n’avait été ni pris ni blessé, pouvait fuir ; mais, espérant que l’amitié qui l’avait uni autrefois à César lui ferait obtenir grâce, il se rendit auprès du proconsul, sans avoir fait demander la paix par un héraut, et parut soudainement en sa présence, au moment où il siégeait sur son tribunal. Son apparition inspira quelque effroi, car il était d’une haute stature, et il avait un aspect fort imposant sous les armes. Il se fit un profond silence ; le chef gaulois tomba aux genoux de César, et le supplia, en lui pressant les mains, sans proférer une parole. Cette scène excita la pitié des assistants, par le souvenir de l’ancienne fortune de Vercingetorix, comparée à son malheur présent. César, au contraire, lui fit un crime des souvenirs sur lesquels il avait compté pour son salut. Il mit sa lutte récente en opposition avec l’amitié qu’il rappelait, et par là fit ressortir plus vivement l’odieux de sa conduite. Aussi, loin d’être touché de son infortune en ce moment, il le jeta sur-le-champ dans les fers, et le fit mettre plus tard à mort,

  1. Florus, III, x, 26. — D’après Plutarque (César, xxx), Vercingetorix, après avoir déposé ses armes, serait allé s’asseoir en silence au pied du tribunal de César.