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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/342

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Mais ce service quotidien finit, comme il arrive souvent, par se faire avec négligence, et, un jour que les Rèmes poursuivaient les Bellovaques avec trop d’ardeur, ils tombèrent dans une embuscade. En se retirant ils furent enveloppés par des fantassins au milieu desquels périt Vertiscus, leur chef. Fidèle aux mœurs gauloises, il n’avait pas voulu que sa vieillesse le dispensât de commander et de monter à cheval, quoiqu’il s’y soutînt à peine. Sa mort et ce faible succès exaltèrent encore les barbares, et rendirent les Romains plus circonspects. Néanmoins dans une des escarmouches qui avaient lieu sans cesse à la vue des deux camps, vers les endroits guéables du marais, l’infanterie germaine que César avait fait venir d’outre-Rhin pour la mêler à la cavalerie se réunit en masse, franchit audacieusement le marais, et, trouvant peu de résistance, s’acharna tellement à la poursuite des ennemis, que la frayeur s’empara non-seulement de ceux qui combattaient, mais encore de ceux qui étaient en réserve. Au lieu de profiter des avantages du terrain, tous s’enfuirent lâchement, ils ne s’arrêtèrent qu’à leur camp, quelques-uns même n’eurent pas honte de se sauver au delà. Cette défaite produisit un découragement général, car les Gaulois étaient aussi prompts à se démoraliser au moindre revers qu’à s’enorgueillir au plus léger succès.

Les jours se passaient ainsi, lorsque l’ennemi apprit l’arrivée de Caius Trebonius avec ses troupes, ce qui portait à sept le nombre des légions. Les chefs des Bellovaques redoutèrent alors un investissement pareil à celui d’Alesia et résolurent de quitter leur position. Ils firent partir de nuit les vieillards, les infirmes, les hommes sans armes, et la partie des bagages qu’ils avaient conservée avec eux. À peine cette multitude confuse, embarrassée d’elle-même et de ses nombreux chariots, fut-elle en mouvement, que le jour la surprit et qu’il fallut mettre les troupes en ligne devant le camp