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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/384

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effrayées ou corrompues à prix d’argent, ne s’acquittèrent pas de leur mission[1]. Cet événement fit tant de bruit, que Pavonius, appelé le singe de Caton, parce qu’il imitait son austérité, dénonça au sénat la conduite de Ptolémée, et ajouta qu’un des députés égyptiens, nommé Dion, confirmerait toutes ses assertions. Dion n’osa point paraître, et, à peu de temps de là, fut assassiné. Malgré ce crime, Pompée conserva à Ptolémée son amitié, et l’on n’osa pas poursuivre l’hôte d’un homme si puissant[2].

Plusieurs projets furent mis en avant pour replacer le roi d’Égypte sur le trône, et cette entreprise, qui promettait gloire et profit, excitait l’ambition de chacun. Ceux qui, probablement, y étaient opposés, proposèrent de consulter les livres sibyllins, qui répondirent : « Si le roi d’Égypte vient vous demander du secours, ne lui refusez pas votre amitié, mais ne lui accordez aucune armée. » Caius Caton, tribun du peuple, parent de M. Porcius Caton, et cependant son adversaire, s’empressa de divulguer cette réponse, quoiqu’il ne fût pas permis, sans un décret du sénat, de publier les oracles sibyllins[3]. Le sénat décréta que le roi d’Égypte serait replacé sur son trône par des magistrats romains, sans intervention armée[4]. Mais cette mission était fort disputée : les uns voulaient en charger Lentulus Spinther, les autres Pompée, avec obligation de n’employer que deux licteurs ; la jalousie des prétendants y fit bientôt renoncer. Ptolémée, perdant tout espoir, quitta Rome et se retira à Éphèse[5]. Il fut plus tard rétabli sur son trône par Gabinius.


  1. Dion-Cassius, XXXIX, xii, xiii. — Plutarque, Pompée, lii.
  2. Dion-Cassius, XXXIX, xiv. — « Je ne lui épargne pas même les reproches pour l’empêcher (Pompée) de tremper dans cette infamie. » (Cicéron, Lettres familières, I, i.)
  3. Dion-Cassius, XXXIX, xv.
  4. Cicéron, Lettres à Quintus, II, ii.
  5. Dion-Cassius, XXXIX, xvi.