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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/428

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Quant à Domitius, il fut, à la vérité, accusé de brigue, et le sénat crut lui fermer absolument le consulat en décidant que les comices consulaires n’auraient lieu qu’après le jugement de son procès.

Tous ces faits témoignent de la décadence d’une société, car la dégradation morale des individus devait infailliblement amener l’avilissement des institutions.


Mort de la fille de César.

VI. Vers le mois d’août de l’année 700, César perdit sa mère Aurélie, et, quelques jours après, sa fille Julie. Celle-ci, dont la santé avait été altérée depuis les troubles de l’année précédente, était devenue enceinte ; elle mourut en donnant le jour à un fils, qui ne vécut pas. César fut douloureusement affecté de ce malheur[1], dont il reçut la nouvelle pendant son expédition de Bretagne[2]. Pompée désirait faire enterrer sa femme dans sa terre d’Albe ; le peuple s’y opposa, emporta le corps au Champ de Mars, et exigea qu’il y fût enseveli. Par ce rare privilège réservé aux hommes illustres, il voulait, selon Plutarque, honorer plutôt la fille de César que la femme de Pompée[3]. Cette mort brisait un des liens qui unissaient les deux hommes les plus importants de la République. Pour en créer de nouveaux, César proposa sa nièce Octavie en mariage à Pompée, dont il offrait d’épouser la fille, déjà mariée à Faustus Sylla[4].


  1. « César m’a écrit de Bretagne une lettre datée des calendes de septembre (28 août), que j’ai reçue le 4 des calendes d’octobre (23 septembre). Son deuil m’a empêché de lui répondre et de le féliciter. » (Cicéron, Lettres à Quintus, III, i.)
  2. « Dans l’affliction où se trouve César je n’ose lui écrire, mais j’ai écrit à Balbus. » (Cicéron, Lettres familières, VII, ix.) — « Que la lettre de César est aimable et touchante ! Il y a dans ce qu’il écrit un charme qui augmente ma sympathie pour le malheur qui l’afflige. » (Cicéron, Lettres à Quintus, III, i.)
  3. Plutarque, Pompée, iv.
  4. Suétone, César, xxvii.