Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/450

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ville natale, dont il était le dictateur[1]. Vers la neuvième heure, il rencontra sur la voie Appienne, un peu au delà de Bovilles, Clodius, qui, de son côté, revenait à cheval d’Aricia à Rome, accompagné de trois amis et de trente esclaves, tous armés d’épées. Milon était dans un chariot avec sa femme Fausta, fille de Sylla, et M. Fufius, son familier. À sa suite marchait une escorte dix fois plus forte que celle de Clodius, et dans laquelle se trouvaient plusieurs gladiateurs renommés. Les deux troupes se croisèrent près d’un petit temple de la Bonne Déesse[2], sans échanger une seule parole, mais en se lançant des regards furieux. Elles étaient à peine éloignées l’une de l’autre que deux gladiateurs de Milon, restés en arrière, se prirent de querelle avec les esclaves de Clodius. Au bruit de la rixe ce dernier tourna bride, et s’avança proférant des menaces. Un des gladiateurs nommé Birria le frappa, d’un coup d’épée et l’atteignit grièvement à l’épaule[3] : on le transporta dans un cabaret voisin[4].

Milon, apprenant que Clodius était blessé, redouta les suites de cette agression, et crut qu’il serait moins dangereux pour lui d’achever son ennemi. Il envoya donc ses gens enfoncer le cabaret ; Clodius, arraché du lit sur lequel on l’avait placé, est percé de coups et jeté sur la grande route. Ses esclaves sont tués ou mis en fuite. Le cadavre

  1. Tout ce qui suit est presque en totalité extrait d’Asconius, le plus ancien commentateur de Cicéron, et tiré, à ce qu’on croit, des Acta diurna. (Voyez Argument du discours de Cicéron pour Milon, édit. Orelli, p. 31.)
  2. Neuf ans après le sacrilège commis le jour de la fête de la Bonne Déesse, Clodius fut tué par Milon devant la porte du temple de la Bonne Déesse, près Bovilles (Cicéron, Discours pour Milon, xxxi.)
  3. Rhomphæa (Asconius, Argument du discours de Cicéron pour Milon, p. 32, édit. Orelli.)
  4. Cicéron, Discours pour Milon, x. — Dion-Cassius, XL, xlviii. — Appien, Guerres civiles, II, xxi. — Asconius, Argument du discours de Cicéron pour Milon, p. 31 et suiv.