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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/458

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naux[1] et fait respecter leurs arrêts par la force armée. Toutefois, si l’on excepte ces actes, commandés par les circonstances, il avait usé de son pouvoir avec hésitation, comme un homme qui lutte entre sa conscience et ses intérêts. Devenu, peut-être à son insu, l’instrument du parti aristocratique, les liens qui l’attachaient à César l’avaient souvent retenu dans la voie où l’on voulait le pousser. Défenseur de l’ordre, il avait promulgué des lois pour le rétablir ; mais, homme de parti, il était sans cesse entraîné à les violer, pour satisfaire aux exigences de sa faction. Il fit adopter un sénatus-consulte autorisant des poursuites contre ceux qui avaient exercé des emplois publics depuis son premier consulat. L’effet rétroactif de cette loi, qui embrassait une période de vingt années, et par conséquent le consulat de César, indigna les partisans de ce dernier ; ils s’écrièrent que Pompée ferait bien mieux de s’occuper du présent que d’appeler l’investigation haineuse des partis sur la conduite passée des premiers magistrats de la République ; mais Pompée répondit que, puisque la loi permettait le contrôle de ses propres actes, il ne voyait pas pourquoi ceux de César en seraient affranchis, et que d’ailleurs le relâchement des mœurs depuis tant d’années rendait la mesure nécessaire[2].

On se plaignait de la faculté laissée aux orateurs de faire l’éloge des accusés dont ils présentaient la défense, parce que le prestige qui s’attachait à la parole d’hommes considérables amenait trop facilement l’acquittement des coupables. Un sénatus-consulte interdit cet usage. Au mépris de ces dispositions, qu’il avait proposées, Pompée n’eut pas honte de faire l’éloge de T. Munatius Plancus, accusé, avec Q. Pompeius Rufus, de l’incendie de la curie Hostilia[3].

  1. Dion-Cassius, XL, liii.
  2. Appien, Guerres civiles, II, xxiv.
  3. Dion-Cassius, XL, lii.