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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/481

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c’est ainsi que je traite les citoyens qu’il fait[1]. » Ce mépris pour les nouveaux droits prouvait bien l’orgueilleux dédain du parti aristocratique, blâmant l’une des choses qui avaient le plus contribué à la grandeur de la République, l’extension successive de la cité romaine aux provinces et aux vaincus eux-mêmes. Confondant dans son aveugle réprobation et le principe d’une politique libérale et celui qui l’avait appliqué, il ne voyait pas que la persécution exercée contre ce citoyen transpadan contribuait encore à grandir César et à légitimer sa popularité.

Voilà pourtant les doctrines et les actes de ces hommes qu’on représente comme les dignes soutiens de la République ! Et Marcellus n’était pas le seul qui, en niant aux Transpadans leurs droits acquis, montrât la perversité de sentiments égoïstes ; les autres principaux personnages de la faction aristocratique ne se recommandaient guère par plus de modération et de désintéressement. « Appius Claudius Pulcher, dit Cicéron, avait traité par le fer et le feu la province confiée à ses soins, l’avait saignée et épuisée de toute manière[2] ; » Faustus Sylla, Lentulus, Scipion, Libon et tant d’autres, cherchaient à s’élever par la guerre civile et à refaire leur fortune par le pillage[3] ; Brutus,

  1. Appien, Guerres civiles, II, xxvi.
  2. Cicéron, Lettres à Atticus, VI, i.
  3. En parlant du parti de Pompée, Cicéron s’écrie : « Des hommes qui tous, à l’exception d’un très-petit nombre, ne respiraient que le pillage, des discours à faire frémir, d’autant plus que la victoire pouvait les convertir en réalité, pas un personnage considérable qui ne fût criblé de dettes ; il n’y avait absolument rien de beau, si ce n’est la cause que l’on servait. » (Cicéron, Lettres familières, VII, iii.) — « Ils s’accordent tous à dire, et Crassipès avec eux, que là-bas ce ne sont qu’imprécations, que menaces de haine aux riches, de guerre aux municipes (admirez leur prudence !), que proscriptions en masse ; ce ne sont que des Sylla, et il faut voir le ton de Lucceius, et tout ce cortège de Grecs, et ce Théophane ! Voilà pourtant l’espoir de la République ! Un Scipion, un Faustus, un Libon avec leurs assemblées de créanciers sur les bras, de quelles énormités ces gens-là ne sont-ils pas capables ? Quel excès contre leurs