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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/515

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fâche le plus, c’est que je serai obligé de rembourser César, et de mettre là tout l’argent que je destinais à mon triomphe, car il serait honteux de rester débiteur, d’un adversaire politique[1]. » Par cette déclaration, Cicéron démontre, de la manière la plus positive, que Pompée voulait la guerre et repoussait tout rapprochement ; il le répète ailleurs avec plus de précision encore.

Pompée, entraîné par la marche fatale des événements à combattre les justes demandes de César, qu’il avait d’abord favorisées, en était réduit à désirer la guerre civile.

Lui et les siens n’étaient pas arrivés à cette extrémité sans froisser le plus souvent la volonté du sénat, sans blesser le sentiment public et sans sortir de la légalité. Au commencement de 703, lorsque Marcellus avait proposé de rappeler César avant le temps légal, le sénat, réuni en grand nombre, avait passé à l’ordre du jour[2], et pendant le reste de l’année il s’était montré déterminé à ne rien entreprendre contre le proconsul des Gaules. Il avait rejeté une seconde fois la proposition de Marcellus, renouvelée le 1er mars 704, et par la suite le sénat avait témoigné de dispositions favorables à César. Cependant on en vient bientôt à méconnaître la loi qui lui permet de garder son commandement jusqu’aux comices consulaires de 705 ; après bien des hésitations, le sénat décide que César et Pompée licencieront en même temps leurs armées, mais le décret n’est pas exécuté ; les passions s’animent, les mesures les plus arbitraires sont proposées, les tribuns intercèdent : leur veto est regardé comme non avenu. Alors, sans provoquer de sénatus-consulte, sans faire appel au peuple, les consuls chargent Pompée de lever des troupes et de veiller au salut de la République. C’est le parti aristocratique qui se place au-dessus de la loi et met le droit du côté de César.

  1. Année 704, décembre. Cicéron, Lettres à Atticus, VII, viii.
  2. « Senatus frequens in alia transiit. » (Guerre des Gaules, VIII, xliii.)