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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/520

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temps il rappelle de toutes parts un grand nombre de ses vétérans, leur promettant des récompenses et des grades. Il s’adresse même aux soldats des deux légions qui avaient fait partie de l’armée de César[1].

La ville est dans une agitation extrême. Le tribun Curion revendique le droit méconnu des comices. Les amis des consuls, les adhérents de Pompée, tous ceux qui nourrissaient de vieilles haines contre César, se précipitent vers le sénat, réuni de nouveau. Leurs clameurs et leurs menaces enlèvent à cette assemblée toute liberté de décision. Les propositions les plus diverses se succèdent. Le censeur L. Pison et le préteur Roscius offrent de se rendre près de César pour l’instruire de ce qui se passe ; ils ne demandent qu’un délai de six jours. D’autres veulent que des députés soient chargés d’aller lui exposer la volonté du sénat.

Toutes ces motions sont rejetées. Caton, Lentulus et Scipion redoublent de violence. D’anciennes inimitiés et la honte de son récent échec dans les élections consulaires animent Caton. Lentulus, accablé de dettes, espère les honneurs et les richesses ; il se vante, parmi les siens, de devenir un autre Sylla et maître de l’empire[2]. Scipion se berce d’une ambition aussi chimérique. Enfin Pompée, qui ne veut point d’égal, désire la guerre, seule issue aux inconséquences de sa conduite[3], et ce soutien de la République se fait appeler, comme Agamemnon, le roi des rois[4].

Les consuls proposent au sénat un deuil public, afin de frapper l’imagination du peuple et de lui montrer la patrie en danger. Marc-Antoine et son collègue Cassius inter-

  1. César, Guerre civile, I, iii.
  2. Les Livres sibyllins avaient prédit l’empire de Rome à trois Cornelius : L. Cornelius Cinna avait été consul ; Sylla, dictateur ; Cornelius Lentulus espérait être le troisième.
  3. César, Guerre civile, I, iii-iv.
  4. Plutarque, Pompée, lxxii.