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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/525

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soldats défendent donc le général sous lequel ils ont, pendant neuf ans, servi la République avec tant de bonheur, gagné tant de batailles, subjugué la Gaule entière, dompté les Germains et les Bretons, car ses ennemis sont les leurs, et son élévation, comme sa gloire, est leur ouvrage. »

D’unanimes acclamations répondent à ce discours de César. Les soldats de la 13e légion déclarent qu’ils sont prêts aux derniers sacrifices ; ils vengeront de tous les outrages leur général et les tribuns du peuple ; comme preuve de son dévouement, chaque centurion offre d’entretenir un cavalier à ses frais ; chaque soldat, de servir gratuitement, les plus riches se chargeant des plus pauvres ; et pendant toute la guerre civile, affirme Suétone, aucun ne manqua à cet engagement[1]. Voilà quel était le dévouement de l’armée ; seul, Labienus, que César affectionnait particulièrement, qu’il avait comblé de ses bienfaits, déserta la cause du vainqueur des Gaules, et passa à Pompée[2]. Cicéron et son parti crurent que ce transfuge allait leur apporter une grande force. Labienus[3], général habile sous César, ne fut que médiocre dans le camp opposé. Les défections n’ont jamais grandi personne !


César est forcé à la guerre civile.

IV. Le moment suprême était arrivé. César en était réduit à cette alternative, de se maintenir à la tête de son armée malgré le sénat, ou de se livrer à ses ennemis, qui lui auraient réservé le sort des complices de Catilina, condamnés à mort, s’il n’était pas, comme les Gracques, Saturninus

  1. Suétone, César, lxviii.
  2. Cicéron, Lettres à Atticus, VII, xii.
  3. « César vient de recevoir un coup terrible : T. Labienus, qui avait tant d’influence dans son armée, n’a pas voulu se rendre son complice : il l’a quitté et s’est joint à nous. Cet exemple aura de nombreux imitateurs. » (Cicéron, Lettres familières, XVI, xii.) — « Labienus regarde César comme tout à fait hors d’état de soutenir la lutte. » (Cicéron, Lettres à Atticus, VII, xvi.)