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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/61

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Les travaux romains n’ont fait que suppléer sur quelques points aux obstacles naturels que le Rhône présente dans la plus grande partie de son cours. Les seuls endroits où un passage puisse être tenté, parce que les hauteurs s’abaissent vers les bords du fleuve en pentes praticables, sont situés en face des villages actuels de Russin, Cartigny, Avully, Chancy et Cologny. Dans ces lieux, on tailla à pic la partie supérieure des versants, et l’on creusa ensuite un fossé dont l’escarpe acquit ainsi seize pieds de haut. Ces ouvrages, en reliant entre eux les escarpements du Rhône, formaient, de Genève au Jura, une ligne continue qui présentait une barrière infranchissable. En arrière et le long de cette ligne, de distance en distance, des postes et des redoutes fermées la rendaient inexpugnable. (Voir planche 3.)[1].

  1. Le retranchement que César nomme murus fossaque ne pouvait point être un mur, dans l’acception habituelle du mot ; d’abord, parce qu’un mur n’eût été qu’un faible obstacle ; ensuite, parce que les matériaux ne se trouvaient pas sur les lieux ; et enfin, parce que, si une telle quantité de pierres eût été amassée au bord du Rhône, on en retrouverait encore des traces. J’ai alors cherché une autre explication, et j’ai pensé que murus pouvait s’entendre d’un escarpement naturel, rendu plus roide par un léger travail. Pénétré de cette idée, j’ai chargé M. le commandant d’artillerie baron Stoffel d’aller inspecter les lieux, et le résultat de ses recherches a pleinement confirmé mes suppositions. Voici le résumé de son rapport.

    Considéré dans son ensemble, depuis Genève jusqu’au Pas-de-l’Écluse, le Rhône offre l’aspect d’un immense fossé de 100 à 120 mètres de largeur, à escarpe et contrescarpe abruptes et très-élevées. Les parties où il ne présente pas ce caractère sont en petit nombre et d’une étendue relativement assez restreinte. Ce sont les seules où des opérations de passage puissent être tentées, les seules, par conséquent, que César ait eu besoin de fortifier sur la rive gauche.

    1° Depuis Genève jusqu’au confluent de l’Arve et du Rhône, étendue 1 kilomètre ½. Largeur du fleuve, 90 à 100 mètres. — La rive gauche est plate dans toute cette étendue. La rive droite a des escarpements presque verticaux, dont la hauteur varie entre 15 et 35 mètres. (Voir planche 3, profil moyen entre Genève et le confluent de l'Arve.) Aucune tentative de passage n’a pu avoir lieu, ni à Genève, ni entre cette ville et l’Arve.

    2° Depuis l’Arve jusqu’au plateau d’Aire-la-Ville, étendue 12 kilomètres ½. — À partir du confluent de l’Arve, les hauteurs de la rive droite du Rhône