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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/72

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du Rhône. Ces peuples implorèrent le secours de César. Il était tout disposé à accueillir leurs prières[1].


Défaite des Helvètes sur la Saône.

V. La Saône, qui traversait le pays des Éduens et celui des Séquanes[2], coulait, alors comme aujourd’hui, en de certains endroits, avec une extrême lenteur. César rapporte qu’on ne pouvait distinguer le sens du courant. Les Helvètes, incapables de faire un pont, passèrent la rivière, entre Trévoux et Villefranche, sur des radeaux et des barques jointes entre elles. Dès que le général romain se fut assuré par ses éclaireurs que les trois quarts des barbares se trouvaient au delà de la rivière, et que les autres étaient encore en deçà, il partit de son camp vers minuit (de tertia vigilia) (Voir la note de la page 64) avec trois légions, atteignit au nord de Trévoux, dans la vallée du Formans, vers six heures du matin, après une marche de 18 kilomètres, les Helvètes restés sur la rive gauche, les surprit au milieu des embarras du passage, et en tua un grand nombre. Ceux qui purent échapper se cachèrent dans les forêts voisines. Ce désastre tomba sur les Tigurins (habitants des cantons de Vaud, Fribourg et d’une partie du canton de Berne), l’une des quatre peuplades dont se composait la nation des Helvètes, celle

  1. Guerre des Gaules, I, xi. — Dion-Cassius (XXXVIII, xxxii) dit que les ambassadeurs éduens avaient caché à César le traité en vertu duquel les Helvètes traversaient le territoire éduen. César, craignant de voir les Helvètes se diriger sur Toulouse, préféra les combattre ayant les Éduens pour alliés que d’avoir contre lui les deux peuples réunis.
  2. C’est à tort qu’on a traduit Arar quod per fines Æduorum et Sequanorum in Rhodanum influit, par ces mots : « la Saône qui forme la limite commune des Éduens et des Séquanes. » César entend toujours par fines « territoire », et non « limite ». Il s’exprime différemment lorsqu’il parle d’une rivière séparant des territoires (Guerre des Gaules, I, vi, xxxiii ; VII, v.) Aussi l’expression per fines confirme la supposition que les territoires de ces deux peuples s’étendaient sur l’une et l’autre rive de la Saône. (Voir planche 2.) L’opinion de Strabon (page 43, note 2) ne nous semble pas devoir infirmer cette interprétation.