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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/74

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venir des anciens affronts n’était pas sorti de sa mémoire, mais que les injures récentes suffisaient pour motiver sa conduite. Cependant il offrit la paix, à condition que des otages lui seraient donnés. « Les Helvètes, répliqua Divicon, ont appris de leurs ancêtres à recevoir, non à donner des otages ; les Romains doivent le savoir. » Cette fière réponse mit fin à l’entrevue.

Néanmoins les Helvètes paraissent avoir voulu éviter la bataille, car le jour d’après ils levèrent leur camp, et, privés de la possibilité de descendre le cours de la Saône pour se rendre dans le midi, ils prirent la voie la plus facile pour atteindre le pays des Santons, en se portant vers les sources de la Dheune et de la Bourbince. (Voir planche 4.) Ce pays accidenté leur permettait d’ailleurs de résister avec avantage aux Romains. Ils suivirent, à travers les montagnes du Charolais, la route gauloise, sur la trace de laquelle fut sans doute construite plus tard la voie romaine de Lyon à Autun, dont les vestiges existent encore ; celle-ci longeait la Saône jusqu’à Belleville, où elle s’en écartait brusquement, franchissait le col d’Avenas, parcourait la vallée de la Grosne jusqu’à Cluny, et se dirigeait par Saint-Vallier sur Autun. À Saint-Vallier ils devaient quitter cette route et s’acheminer vers la Loire, pour la passer à Decize[1].

  1. César fait connaître, à deux reprises différentes, l’intention bien arrêtée qu’avaient les Helvètes d’aller se fixer dans le pays des Santons (I, x et xi), et Tite-Live confirme ce fait en ces termes : « Cæsar Helvetios, gentem vagam, domuit, quæ, sedem quærens, in provinciam Cæsaris Narbonem iter facere volebat. » (Epitome, CIII). Eurent-ils, pour exécuter ce projet, le choix entre plusieurs routes (le mot route étant pris dans le sens général) ? Quelques auteurs, ne tenant pas compte de la topographie de la France, ont cru que, pour se rendre chez les Santons, les Helvètes auraient dû marcher par la ligne la plus courte, de l’est à l’ouest, et passer la Loire vers Roanne. Mais ils auraient eu d’abord à traverser, dans des endroits presque infranchissables, les montagnes qui séparent la Saône de la Loire, et, y fussent-ils parvenus, ils auraient trouvé leur route barrée par une autre chaîne de montagnes, celle du Forez, qui sépare la Loire de l’Allier.