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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/76

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L’un d’eux, Liscus, occupait dans son pays la magistrature suprême sous le nom de vergobret ; il dénonça Dumnorix, frère de Divitiacus, comme s’étant opposé à l’envoi des approvisionnements ; c’était ce même Dumnorix qui avait négocié secrètement le passage des Helvètes à travers le pays des Séquanes, et qui, placé à la tête du contingent éduen, venait, dans le dernier combat, en se retirant avec les siens, d’entraîner la fuite de toute la cavalerie. César manda Divitiacus, dévoué au peuple romain, et lui révéla la coupable conduite de son frère, qui méritait une punition exemplaire. Divitiacus en convint, et, fondant en larmes, implora la grâce de Dumnorix. César la lui accorda, et se borna à faire surveiller le coupable. Il était, en effet, très-politique de ne point s’aliéner le peuple éduen par une trop grande sévérité envers un homme puissant.

Les Helvètes, après s’être avancés vers le nord jusqu’à Saint-Vallier, avaient tourné à l’ouest pour atteindre la vallée de la Loire ; arrivés vers Issy-l’Évêque, ils campèrent sur les bords d’un affluent de la Somme, au pied du mont Tauffrin, à huit milles de l’armée romaine. Informé de cette circonstance, César jugea le moment venu de les surprendre, et envoya reconnaître par quels circuits on pourrait atteindre les hauteurs. Il apprit que l’accès en était facile, ordonna à Labienus de gagner, avec deux légions, le sommet de la montagne, par des chemins détournés, sans donner l’éveil à l’ennemi, et d’attendre que lui-même, marchant à la tête des quatre autres légions par la même route que les Helvètes, apparût près de leur camp ; alors tous les deux devaient les assaillir à la fois. Labienus partit à minuit, en prenant pour guides les hommes qui venaient d’explorer les chemins. César, de son côté, se mit en marche à deux heures du matin (de quarta vigilia)[1], précédé de sa cava-

  1. Les Romains mettaient peu de précision dans la division du temps. Forcellini (Lex. voc. Hora) remarque que les jours, c’est-à-dire le temps entre le