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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/79

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de juin. César suivit les Helvètes à la distance accoutumée, et établit son camp à trois milles du leur, sur la Cressonne, près de Ternant.

Le lendemain, comme il ne restait à l’armée romaine que pour deux jours de vivres[1], et que d’ailleurs Bibracte (le mont Beuvray[2]), la plus grande et la plus riche ville des Éduens, n’était pas à plus de dix-huit milles (27 kil.) de distance, César, pour se ravitailler, se détourna de la route que suivaient les Helvètes et prit celle de Bibracte. (Voir planche 4.) Les ennemis furent informés de cette circonstance par quelques transfuges de la troupe de L. Emi-

  1. Chaque soldat recevait vingt-cinq livres de blé tous les quinze jours.
  2. On admet généralement que Bibracte s’élevait sur l’emplacement d’Autun, à cause de l’inscription découverte dans cette dernière ville au xviie siècle, et conservée au cabinet des antiques, à la Bibliothèque impériale. Une autre opinion, qui identifie Bibracte avec le mont Beuvray (montagne d’une grande superficie, située à 13 kilomètres à l’ouest d’Autun), avait cependant trouvé, anciennement déjà, quelques rares défenseurs. On remarquera d’abord que les Gaulois choisissaient pour l’emplacement de leurs villes, quand ils le pouvaient, des lieux de difficile accès : dans les pays accidentés, c’étaient des montagnes escarpées (exemples : Gergovia, Alesia, Uxellodunum, etc.) ; dans les pays de plaines, c’étaient des terrains environnés de marais (exemple : Avaricum). Les Éduens, d’après cela, n’auraient pas bâti leur principale ville sur l’emplacement d’Autun, situé au pied des montagnes. On avait cru qu’un plateau aussi élevé que celui du mont Beuvray (son point culminant est à 810 mètres au-dessus de la mer) n’avait pu être occupé par une grande ville. Cependant l’existence de huit ou dix voies qui conduisent sur ce plateau, désert depuis tant de siècles, et dont quelques-unes sont dans un état de conservation vraiment surprenant, aurait dû faire penser le contraire. Ajoutons que des fouilles récentes ne peuvent laisser subsister aucun doute. Elles ont mis à découvert, sur une étendue de 120 hectares, des fondations de murailles gauloises, les unes rondes, les autres carrées ; des mosaïques, des fondations de murailles gallo-romaines, des portes, des pierres de taille, des monceaux de tuiles à rebords, des débris d’amphores en quantité prodigieuse, un théâtre demi-circulaire, etc… Tout porte enfin à placer Bibracte au mont Beuvray : la ressemblance frappante des deux noms, la désignation de Φρούριον, que Strabon donne à Bibracte, et jusqu’à cette tradition vague et persistante qui, régnant parmi les habitants du pays, fait du mont Beuvray un centre vénéré.