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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/83

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Lingons de fournir aux fuyards soit des vivres, soit des secours, sous peine d’être traités comme eux. Au bout de trois jours, l’armée romaine, après avoir pris soin des blessés et enseveli les morts, se mit à la poursuite de l’ennemi[1].


Poursuite des Helvètes.

VII. Les Helvètes, réduits à l’extrémité, envoyèrent vers César pour traiter de leur soumission. Les députés le rencontrèrent en chemin, se jetèrent à ses pieds, et demandèrent la paix dans les termes les plus suppliants. Il les chargea de dire à leurs concitoyens qu’ils eussent à s’arrêter dans le lieu même où ils se trouvaient et à y attendre son arrivée : ceux-ci obéirent. Dès que César les eut rejoints, il exigea qu’on lui remît des otages, les armes et les esclaves fugitifs. Tandis qu’on s’apprêtait à exécuter ses ordres, la nuit étant survenue, six mille hommes environ d’une peuplade nommée Verbigène (Soleure, Argovie, Lucerne et partie du canton de Berne) s’échappèrent, soit frayeur, leurs armes une fois livrées, d’être massacrés, soit espoir de se sauver, inaperçus, au milieu d’une si grande multitude. Ils se dirigèrent vers le Rhin et les frontières de la Germanie.

À la nouvelle de la fuite des Verbigènes, César ordonna aux peuples dont ils devaient traverser le territoire, de les arrêter et de les ramener, sous peine d’être regardés comme

  1. Guerre des Gaules, I, xxvi. On n’a pas retrouvé jusqu’à ce jour le champ de bataille où César défit les Helvètes. L’emplacement que nous avons adopté, entre Luzy et Chides, satisfait à toutes les exigences du texte des Commentaires. Des auteurs ont proposé plusieurs autres localités, mais une première cause d’erreur dans leurs appréciations consiste à identifier Bibracte avec Autun, ce que nous ne saurions admettre, et, d’ailleurs, aucune de ces localités ne remplit les conditions topographiques nécessaires. Selon nous, il ne faut pas chercher le lieu de la rencontre à l’est de Bibracte, car les Helvètes devaient, pour se rendre de la basse Saône chez les Santons, passer à l’ouest, et non pas à l’est de cette ville. Cussy-la-Colonne, où l’on place le plus généralement le champ de bataille, ne convient donc nullement, et, d’ailleurs, Cussy-la-Colonne est trop près du territoire des Lingons pour que les Helvètes, après leur défaite, aient mis quatre jours à s’y rendre.