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Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/91

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Par ce langage, César tenait à établir qu’il ne violait pas la loi portée, un an auparavant, sous son consulat, laquelle avait interdit aux gouverneurs de sortir de leurs provinces sans un ordre du sénat. Il rappelait à dessein un décret ancien qui donnait des pouvoirs illimités au gouverneur de la Gaule, province dont l’importance avait toujours nécessité des lois exceptionnelles[1]. La réponse d’Arioviste fut empreinte d’une égale fierté.

« César doit connaître comme lui le droit du vainqueur ; il n’admet pas d’ingérence dans le traitement réservé aux vaincus ; il a lui-même des griefs contre le proconsul, dont la présence diminue ses revenus ; il ne rendra pas les otages aux Éduens ; le titre de frères et d’alliés du peuple romain ne leur servira guère ; les menaces le touchent peu ; personne n’a jamais impunément bravé Arioviste ; qu’on vienne l’attaquer, et on connaîtra la valeur d’un peuple qui, depuis quatorze ans, ne s’est jamais abrité sous un toit[2]. »


Marche de César sur Besançon.

III. Cette arrogante réponse et des nouvelles inquiétantes précipitèrent les décisions de César. En effet, d’un côté les Éduens se plaignaient à lui de la dévastation de leur pays par les Harudes, et, de l’autre, les Trévires annonçaient que les cent cantons des Suèves se préparaient à franchir le Rhin[3]. César, voulant prévenir la jonction de ces nouvelles

  1. Dans le discours que Dion-Cassius fait tenir à César avant d’entrer en campagne contre Arioviste, il s’étend sur le droit qu’a le gouverneur de la Province romaine d’agir suivant les circonstances et de ne prendre conseil que de lui-même. Ce discours est naturellement amplifié et arrangé par Dion-Cassius ; mais les principaux arguments doivent être vrais. (Dion-Cassius, XXXVIII, xli. — Guerre des Gaules, I, xxxiii, xxxiv, xxxv.)
  2. Guerre des Gaules, I, xxxvi.
  3. Puisque cette nouvelle fut donnée à César par les Trévires, il est certain que les Suèves se réunirent sur le Rhin, en face ou non loin du pays des Trévires, et, selon toute probabilité, vers Mayence, où la vallée du Main présente un magnifique et facile débouché sur le Rhin.