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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/106

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Ce sont services que fumeurs n’oublient point et Kinkin pouvait, chez n’importe lequel d’entre eux, demander à toute heure du jour et de la nuit aide et protection contre tous ces fainéants que le gouvernement entretient pour l’em… bêtement des honnêtes gens, savoir : cognes, rats, gardes et gabelous.

Kinkin avançait de son allure massive, son ballot dans le dos, le long d’une grande et large haie qui aboutissait à la route, la grand’route, qu’il voyait libre aussi loin que possible des deux côtés de la haie.

Grande donc fut sa surprise lorsque, arrivant au bout et touchant au chemin, il se vit appréhender vigoureusement par deux douaniers qui s’étaient dissimulés dans l’intérieur du taillis et dont il n’avait naturellement pu soupçonner la présence.

— M… zut ! pensa-t-il.

Mais, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il sourit philosophiquement et, au gabelou triomphant qui lui disait :

— Hein ! vous y êtes bien ?

Il répondit en traînassant et de son air le plus bête :

— Ah ! ma foi, oui, mais si j’avais su que vous étiez là, j’aurais bien passé ailleurs.

Les deux douaniers échangèrent un signe dont le plus jeune compléta le sens en confiant à l’autre :