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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/110

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— Arrêtez-le ! arrêtez-le !

Mais la campagne était déserte et Kinkin enjambait les murs, trouait les haies, sautait les clôtures de ronces avec une agilité de singe qui épatait ces braves douaniers.

Dès qu’il eut atteint le groupe de fermes, il contourna une ou deux maisons puis disparut.

Suant et soufflant, pantalons et tuniques déchirés, mains écorchées, ses deux poursuivants arrivèrent enfin au hameau :

— Où est-il ? où est-il ? crièrent-ils au premier paysan qu’ils rencontrèrent et chez qui, naturellement, venait de se cacher Kinkin.

— Qui ? répondit cet homme d’un air ahuri.

— Le contrebandier, un contrebandier avec un ballot. Nous l’avons arrêté, il nous a fichus par terre, il s’est sauvé. Il a passé par ici, vous l’avez vu ?

— Non, mais s’il a passé par ici avec vous deux à ses trousses, il n’a pas dû prendre racine ; il aura bien sûr filé par derrière, et s’il a gagné le bois, dame, il est chez lui.

— Vous ne le connaissez pas ?

— Ma foi, non. Je ne l’ai pas vu. Comment voulez-vous que je le connaisse ?

— C’est un assez grand et gros bonhomme qui traîne en causant, un type d’une quarantaine d’années. Il n’y a pas de contrebandiers par ici ?

— Pas que je connaisse, reprit l’autre. Mais si