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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/115

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d’hiver. C’était son endroit favori ; la « mémé » m’a tant dit qu’elle préférait notre Moraie aux étangs croupissants de Chambotte et à la rivière de Brémondans.

Mais…

Et Jean-Claude sentit ses jambes s’amollir et flageoler sous lui.

Derrière le premier rideau de saules que les rayons de lune trouaient de leurs ciseaux d’argent, un objet énorme, comme un diamant fantastique, scintillait, jetant tout à l’entour des feux blancs éblouissants. Et il lui sembla que quelque chose avait craqué par derrière.

— C’est elle, mon Dieu ! pensa Jean-Claude.

Cinq cents mètres à peine le séparaient du village ; il les franchit en cinq minutes et vint pousser violemment l’huis du grand Baptiste, chez qui les amis s’étaient rassemblés pour la première veillée.

— La Vouivre ! cria-t-il, j’ai vu la Vouivre !

Tous le fixèrent avec des yeux ronds.

Mais la foi débordait des yeux de Jean-Claude ; il n’eut pas de peine à les convaincre et à briser le léger vernis d’incrédulité vantarde derrière lequel voulaient s’abriter leur ignorance naïve et leur candeur puérile.

— Pourquoi pas ? après tout ! On voit tant de choses si bizarres et plus incompréhensibles.

Mais Jean-Claude poursuivit :