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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/134

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— Baoum ! Un nouveau coup partit. C’était gros Zidore, cette fois qui tirait. L’animal culbuta.

— Hein, s’exclama-t-il, si j’avais pas été là ? Tu vois bien que j’avais raison.

— C’est pas possible protestait Léon, que je l’aie manqué, pas possible, non ! Je me connais ; je le couvrais bien de mon coup de fusil ; il était sûrement touché, blessé, blessé à mort ; oui, sûrement il ne serait pas allé loin. C’était bien inutile que tu tires ; c’est une cartouche de fichue, tout simplement.

— Inutile ! tu en as du toupet ; sans moi, il filait bel et bien et on pouvait se bomber pour le revoir.

La discussion se montait, s’envenimait :

— Tu n’es qu’un maladroit !

— Et toi, un malappris !

Mais un cri général, poussé par les gamins les calma et les réconcilia immédiatement.

— Le renard ! Le renard qui se réveille ! Le renard qui f… le camp !

Messire Goupil, vaguement étourdi par quelque plomb qui lui avait meurtri la caboche, se réveillait en effet fort opportunément et, sans demander de plus amples explications, profitait de l’algarade pour gagner le large, emportant le bout de la corde coupée par le plomb de gros Léon et le mouchoir du grand Bati.

— Baoum ! baoum ! Les deux coups de fusil des deux chasseurs partirent encore presque simulta-