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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/145

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Hissé jusqu’à l’ouverture du réservoir, le cadavre fut déposé sur le sol et, après un minutieux examen, aux vêtements et au sac d’outils, quelques-uns des témoins de cette scène reconnurent dans l’être qu’ils avaient devant eux Cacaine le disparu.

Des hoquets de dégoût convulsèrent de nouveau leurs faces hâlées, zébrées de rides : depuis un mois, ils avaient bu de l’eau dans laquelle mijotait ce noyé ; depuis un mois tout le pays s’abreuvait de cette pourriture.

— La crapule !

Enfin, sur l’ordre du docteur, on transporta dans la salle de mairie le funèbre colis que deux hommes dévoués dévêtirent et fouillèrent.

C’était à n’en pas douter Cacaine, sans autre chose dans ses poches que son livret militaire aux feuillets détrempés et collés et, dans la doublure de la veste, une petite boîte en métal, très solide, soigneusement close et comme soudée par la rouille.

On l’ouvrit avec difficulté et une lettre apparut, à peine humide, tant la fermeture était hermétique. Elle était adressée à messieurs les habitants, à messieurs les conseillers et à monsieur le maire de Velrans.

Avec une fébrilité très compréhensible, ce dernier la décacheta aussitôt et, dans le grand silence qui s’était établi, en donna lecture à haute voix.