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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/149

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celui qui l’aurait pu convaincre que l’église est le vestibule d’un lieu de délices appelé « Paradis ».

Il avait huit ans lorsque, certain dimanche où il s’était, paraît-il, montré plus turbulent encore que de coutume, Bédouin, le garde-champêtre, ainsi désigné parce qu’il avait fait la campagne d’Afrique, Bédouin, vêtu d’un pantalon de gendarme, d’un habit rouge, coiffé d’un bicorne et nanti de sa hallebarde de suisse, vint le prendre à son banc, et, de force, le contraignit à se mettre à genoux au milieu de la nef.

Le Tors fit une belle résistance en décochant de toutes ses forces au digne fonctionnaire des coups de pied dans les jambes, mais ce fut inutile et il dut se résigner à l’humiliation de cette exhibition publique à ce pilori paroissial.

Il ne pleura point, mais il jura de se venger.

Tout le temps qu’il fut là et longtemps, longtemps après, son petit cerveau rumina les vengeances les plus féroces et les plus invraisemblables.

Ah ! s’il avait pu crêper la toison de ce vieux ramollot ! mais le digne garde et suisse attitré de la commune ne pouvait offrir à la jeune violence de ses petites mains qu’un crâne depuis longtemps dénudé, et, à la réflexion, le Tors se rendait parfaitement compte qu’il n’était pas le plus fort.