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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/17

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vent de ses nouvelles ; il m’en donnait encore lorsqu’il n’avait plus que quelques jours à vivre et qu’il se savait condamné…

Il avait l’esprit de corps, ce mobilisé antimilitariste. Il m’écrivait, le 13 mars 1915 :

Notre 166e est un régiment des plus solides et des plus vaillants : ça été un des piliers de la défense de Verdun. On y trouve pas mal de Parisiens, des gens de la Meuse et de Meurthe-et-Moselle, et beaucoup de mineurs du Nord et du Pas-de-Calais. Ce sont de vrais poilus qui ont du mordant, de l’entrain et de l’esprit parfois, souvent même.

Il me citait leurs mots, les plaisanteries grasses dont l’auteur de La Guerre des boutons s’amusait.

Il avait un bon colonel, père d’un jeune confrère qui débutait dans la presse. D’autres chefs lui témoignaient leur estime, parmi lesquels M. de Moro-Giafferi.

Je lui avais demandé de me désigner les hommes de sa compagnie, la 2e, qui ne recevaient aucun colis. Il m’envoya les noms d’une quinzaine d’entre eux… et huit jours avant sa mort,