Aller au contenu

Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

édifié. Fallait-il qu’il eût les yeux bouchés, et l’entendement épais ! Ah oui, qu’il y était, et comment !

Les bottes de paille de l’écurie, le tas de foin de la grange, l’établi de la chambre du fond, la haie vive du verger, la pile de fagots de la remise, le coin de la table de la cuisine, le canapé de la chambre du poêle et son lit, son propre lit même en auraient pu conter de belles si les choses pouvaient révéler les scènes dont elles ont été les impassibles témoins et les complices inconscients.

Et maintenant qu’il savait, qu’il ne pouvait plus douter de son infortune conjugale, qu’il avait pu de ses propres yeux, et à maintes reprises, constater le fait et examiner à loisir l’attitude des coupables, maintenant, oui, il comprenait, il s’expliquait le sens de certains mots étranges jetés comme négligemment par les voisins dans la conversation, de certains gestes particuliers auxquels il n’avait point songé à attribuer un sens symboliste occulte et qui, à cette heure amère où la vérité retirait ses voiles un à un, revêtaient à ses yeux dessillés et à ses oreilles débouchées la valeur d’accusations et de témoignages plus que probants.

Comme toujours, en pareil cas, il avait été le dernier à s’apercevoir de la chose.

Ce vaurien de Mablot, ce dégoûtant, ce saligaud !