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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/202

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nant des proportions énormes, défrayant la chronique des journaux, sans compter qu’il devenait, quoi qu’on en dise et malgré ses raisons, un assassin.

— Bon Dieu de bon Dieu ! Une sueur froide le fit chanceler sur ses jambes flageolantes comme si elles eussent été bourrées de coton.

Et cette vieillesse paisible qu’il croyait s’être réservée, ses bonnes et douces habitudes perdues, tout son bien-être fichu, son bonheur flambé !

Le souvenir du passé le retint au bord de l’abîme et l’aida à considérer les événements d’un œil moins troublé.

Ah ! ça, il n’était plus un gosse ; il savait bien qu’il était logique qu’un tel sort fût réservé aux vieux birbes tels que lui qui prenaient des jeunes femmes ! Pourquoi aurait-il échappé à la règle ? Combien de jouvencelles avait-il culbutées jadis ; combien de maris avait-il mis dans la situation où il se trouvait à l’heure actuelle ?

Le Destin aujourd’hui vengeait les maris trompés.

— Ne fais pas à autrui…, murmura-t-il. C’est juste, mais je n’aurais jamais cru que ce serait si dur à avaler.

Sur la paille, le couple étroitement serré poussait des soupirs étouffés, puis ce fut le silence. L’homme se releva, rajustant ses bretelles et son pantalon cependant que la Julie, assise à terre, les