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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/220

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d’une fillette du même âge, à des jeux que les parents, l’école et l’église n’encouragent ni ne tolèrent, jeux qui lui valaient en outre, du père Louchon, la dénomination peu aimable de satyre.

Dépitée à son tour, après avoir traité son jeune voisin d’âne et d’imbécile, la gamine refranchit la haie et se résolut à charmer seule les heures de la vesprée.

Elle s’appliqua donc, à l’ombre d’un gros buisson, avec des pierres, de la mousse, des rameaux verts et des fleurs, à édifier une petite niche au fond de laquelle un caillou long, dressé sur une de ses bases, figurait un saint ou une sainte. Au près de cet élu, une procession d’autres cailloux, représentant des fidèles venaient en pèlerinage demander ou la pluie ou le beau temps, à moins que ce ne fût la destruction des souris et des vers blancs, ou encore l’extermination des chenilles.

Mimile, de son côté, utilisant des cailloux, des baguettes de coudrier taillées et d’autres matériaux tout aussi rudimentaires, se livrait dans une taupinière à des travaux de fortification avec remblais, talus, poternes, pont-levis, sans oublier les fossés dans lesquels il se réservait, le moment venu, de pisser un coup pour en rendre le passage plus difficile à un imaginaire ennemi.

Tout était paisible aux alentours. Les pâturages, enclavés dans les bois de tous côtés, sauf au levant, où des haies vives érigeaient leurs épaisses