Aller au contenu

Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trer, car il les interrogeait sur le passage des gendarmes, ainsi que sur les allées et venues de gens suspects, tels que douaniers, rats de cave, voire rats volants, autre genre d’oiseaux, si l’on peut dire, de la même famille que les autres qui, sous les plus spécieux prétextes, s’introduisaient chez les braves paysans pour allumer leur cigare et vous leur flanquaient un beau procès-verbal si on ne leur présentait pas une « souffrante » sortant des boîtes de la régie.

Le Rouge n’aimait point trop à rencontrer sur sa route ces gaillards-là ; aussi, selon la précision des réponses qui lui étaient faites, gratifiait-il ses éclaireurs de cadeaux princiers sous les espèces d’un petit ou d’un gros sou.

Le gosse aurait pu, dès qu’il le vit, se lever pour signaler au voyageur sa présence, mais comme on n’était pas dans la saison où l’on joue aux billes et où les pièces de monnaie sont précieuses, il ne bougea point, se donnant exclusivement à ses travaux et Le Rouge ne le découvrit pas auprès de son buisson, accroupi dans la terre et dans le soleil.

Le contrebandier traversa donc dans sa largeur l’enclos de Mimile et passa dans celui de la Tavie où il s’arrêta sans doute un instant à bavarder avec la gamine ; mais une fois la haie franchie, le berger le perdit de vue. Repris tout entier par son œuvre, il oublia vite cette apparition et se remit à besogner en silence. Son travail avançait :