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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/227

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pas me le dire ? eh bien, puisque c’est ça, je le dirai « à vos gens[1] » quand ils viendront.

— Qu’est-ce que tu veux y dire ? Et puis, si tu dis quelque chose, eh bien, moi je dirai que t’es venu aussi avec moi dans le buisson, comme Le Rouge, toute la semaine passée et puis encore hier toute l’après-midi, na !

Le gosse n’eut pas le temps de s’expliquer davantage ; déjà les gens en hâte arrivaient, les uns armés de triques énormes, d’autres de fourches de fer, d’autres encore de vieux, sabres et certains même de fusils de chasse.

Les interrogations se croisaient et les exclamations aussi :

— Où est-il passé ?

— L’avez-vous vu ?

— Allez-vous en vite, les enfants, allez-vous en !

— Viens-t’en toi, viens, petite malheureuse, larmoyait, blême, la mère de la bergère en la saisissant brutalement au poignet, tandis que les autres commères, accourues avec elle, dévisageaient la gamine avec des regards inquisiteurs où apparaissait peut-être une vague pitié, mais surtout une curiosité malsaine décelée par d’égrillards plissements de paupières et de furtifs avivements de prunelle.

Mimile, d’un geste vague, désigna aux hommes

  1. Locution comtoise pour « tes parents ».