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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/229

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qu’ils sont entrés dans les buissons avec les petites filles.

Je l’ai échappé belle et j’ai eu de la chance de ne pas écouter la Tavie aujourd’hui ; ce serait moi peut-être qu’on serait en train de poursuivre maintenant à travers les bois.

La face rouge, les yeux hagards, le corps baigné de sueur, il ramenait en hâte son troupeau.

— Pauvre gamin, s’apitoyèrent quelques commères, il est encore tout épouvanté de l’affaire.

Les bœufs et les vaches arrivaient à la fontaine et s’alignaient le long de l’abreuvoir. Mimile avait la gorge sèche et le front brûlant : il voulut boire, lui. Montant sur le rebord de pierre du grand bassin, il se dressa à côté de la borne, les pieds sur une des tiges de fer grâce auxquelles les femmes maintenaient en face du goulot leur arrosoir et là, disposant sa main sous le jet limpide pour faire une sorte de petite auge, il aspira à longs traits le breuvage glacé.

La Tavie, au même moment, rentrait chez elle, bousculée rudement par sa mère, et les femmes s’engouffraient dans la maison derrière elles, avides d’interroger et d’apprendre en détail tout ce qui s’était passé ; mais la gamine, les yeux agrandis et cerclés de noir, les mâchoires serrées, un pli volontaire au front, restait sombre et muette.

Les commères l’entouraient, se pressant, se