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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/24

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jour, ils reçurent l’ordre de se replier. Le sergent Desprez fut frappé d’une balle au moment où il rassemblait ce qui lui restait de sa section. Les débris de celle de Pergaud rentrèrent seuls : notre brave ami avait disparu. On croit qu’il a voulu traverser le réseau et qu’il a été fait prisonnier dans la tranchée ennemie. Il se trouvait, au moment de l’attaque, à trente-cinq mètres du pont Saint-Pierre, à droite en allant de Marchéville à Saulx.

Ces détails me sont confirmés par M. Raveton, l’avoué parisien, qui était au 166e, avec Pergaud depuis le début de la guerre et qui prit part à l’attaque du 8 avril.

Après avoir franchi deux rangs de fils de fer dans lesquels l’artillerie avait fait des brèches, nous nous sommes trouvés en face d’un troisième rang de fils que l’artillerie avait laissés intacts, à quelques mètres de la tranchée. L’alarme a été rapidement donnée chez les Boches… Aussitôt un feu d’artifice nous éclairait comme au 14 juillet et une fusillade nourrie nous démolissait. C’était fini ; il n’y avait plus moyen de rien faire. Ordre a été donné de se replier. Au petit jour, la fusillade ayant un peu diminué, l’ordre put être exécuté ; mais nous laissions beaucoup de monde sur le terrain, beaucoup de blessés notamment qui furent