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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/246

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Aussi, lorsqu’il fut devenu veuf, éprouva-t-il quelque difficulté à rencontrer dans le pays une jouvencelle qui consentît à assumer dans son ménage les travaux domestiques et à se charger d’élever ses deux gosses.

La mère de Joséphine, plus confiante que les autres en la vertu de sa fille ou peut-être escomptant une chute avantageuse, l’avait poussée à s’engager comme servante, non sans lui avoir fait quelques petites recommandations qui l’autorisèrent à tempêter bruyamment lorsque l’inévitable fut advenu.

— Malheureuse, comment as-tu fait ?

— Ce n’est pas de ma faute, balbutiait la coupable. Il était triste et il buvait. Un soir qu’il était resté comme ça longtemps à table, je l’ai entendu tout à coup monter l’escalier. Très excité, son revolver à la main, il a ouvert la porte de ma chambre, s’est approché du lit et m’a dit :

— Si tu ne me laisses pas coucher avec toi, je te casse la figure et je me brûle la cervelle après. Ma foi, moi, j’ai eu peur qu’il ne le fasse réellement et j’ai mieux aimé lui donner une petite place dans le lit.

— Tu ne pouvais pas venir me le dire tout de suite ! Te voilà propre maintenant ! Si seulement on pouvait le décider à te prendre pour femme. Mais ses vieux, à lui, vont mettre des bâtons dans les roues. Ah ! bon Dieu de misère !