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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/254

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pour la monter et la souffler à ce gros cochon de Zidore qui la guette, à ce que j’en ai entendu dire.

Mais, je meurs de soif, s’interrompit-il. Y a donc rien à boire ici ?

— Voyons, lui fit remarquer d’un ton fort conciliant sa conjointe, tu sors de l’auberge et tu ne dois pas avoir si soif que ça.

— C’est ce qui te trompe ; je la crève.

— Tu sais bien qu’il n’y a pas de vin à la maison ; chaque fois qu’on a fait venir un petit tonneau, tu l’as vidé dans les huit jours.

— Si tu allais en chercher deux litres ! Puisqu’on va toucher de l’argent du Pape, on peut bien se payer ça. D’ailleurs, j’ai besoin de réfléchir à la façon dont je m’y prendrai demain et quand j’ai le gosier sec, ça m’ôte toutes mes idées.

— J’pourrais te faire du café, insinua-t-elle encore, pour résister jusqu’au bout.

— Non, c’est du vin qu’il me faut.

Résignée, elle mit dans le cabas deux litres vides et s’en fut à l’auberge d’où elle revint bientôt avec le vin qu’elle but en compagnie du Carcan tout en discutant de la tactique à suivre.

Cette manœuvre était simple. Dès le lendemain matin, ainsi qu’il l’avait dit, profitant de l’indignation et du scandale causés dans le pays, le Carcan se rendrait chez le Pape et sans se laisser emberlificoter par de belles promesses et de cap-