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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/259

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sité ; mais non, rien, rien que des bribes de phrases dans le genre de celles-ci :

— Çui-là, c’est du fameux !

— En voilà un qui vous réchauffe la corniaule ! ou encore :

— Sacrédié ! un litre comme ça te réveillerait un mort !

Était-ce fini ? était-ce en train ? se demandaient-elles vainement.

La vérité, c’est que les coudes sur la table, les pattes au chaud et du vin dans son verre, le Carcan avait oublié presque entièrement le but de sa visite et que Joséphine à cette heure, aurait bien pu faire six bâtards jumeaux, quadri-jumeaux, hexajumeaux du Pape ou de l’archevêque qu’il s’en serait foutu autant que de sa première chaussette.

Le Pape, lui, buvait peu et gardait tout son sang-froid, se réservant d’attaquer quand l’autre serait tout à fait mûr et bien à point.

Ce moment ne semblait pas trop éloigné et il pouvait escompter une victoire point trop difficile à remporter quand la porte de la rue s’ouvrit bruyamment, livrant passage à une furie enjuponnée.

C’était la femme du Carcan, prévenue par une charitable voisine que son homme était en train de se saouler avec le Pape.

— Espèce de cochon, ivrogne, goret, tu n’as donc