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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/262

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la fille. Et l’imbécile qui se laissait rouler pour quelques litres.

— Ah ! ce que son avaloir leur avait déjà coûté cher !

Mais le Carcan, à grands pas, revenait au logis la gueule tordue, les yeux flamboyants, le front barré de rides féroces de haine et de colère.

— T’as fini de pomper ? soulaud ; c’est ça ce que tu appelles régler les affaires, gouillaud !

— En tout cas, répliqua-t-il, je t’ai pas encore réglé la tienne, mais ça ne va pas tarder !

Et sans autre préambule, avant qu’elle s’y attendît, il la gifla si largement qu’il l’envoya culbuter contre le lit d’un seul revers de main.

— Brute, crapule, assassin !

Pif ! paf ! les gifles commencèrent à pleuvoir et la vaisselle à danser : le pot à eau lancé à toute volée par la femme vint se briser contre la caisse de l’horloge après avoir passé à deux doigts de la tête du Carcan.

— Maman, papa, papa, maman, mon Dieu, mon Dieu ! larmoyait Joséphine accourue au bruit de la dispute.

— Fous le camp, ma fille ! sauve-toi, sauve-toi vite, tu vois bien qu’il est ivre-fou, ce cochon-là, conseillait la mère.

Mais Joséphine voulait s’interposer à tout prix.

— C’est toi qui es cause de ces histoires, espèce de petite putain, gueulait le père, tandis que,