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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/35

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de consolations, toutes les commères du village étaient là comme dans la maison d’un mort à qui les voisins et les amis viennent jeter l’eau bénite et dire le dernier adieu.

On parlait bas avec des mines contristées, apitoyées, des yeux mi-clos et alanguis, mais par contre on buvait sec, car, en ces douloureuses circonstances, il convenait de se soutenir, de ne point se laisser aller, et les tasses de café et les « larmes » de prune, et les verres de vin sucré s’engloutissaient silencieusement.

La tête de la cafetière poussait sans cesse le couvercle instable d’une marmite d’eau bouillante et la sœur de la Moussotte, consciente de ses devoirs, veillait à ce que tous ceux qui étaient venus ne manquassent de rien.

L’anxiété était à son comble… On l’entretenait.

— Pas de nouvelles ! Doux Jésus, que va-t-on apprendre ?

Le soleil baissait rouge sur le moulin du Vernois ; le chien du père Bréda aboya longuement !

— C’est mauvais signe, prédit la vieille Griotte à la grande Phémie. L’autre se signa gravement.

Le chien aboya plus fort.

— On dirait qu’il hurle à la mort.

Les larmes montèrent aux yeux des deux femmes, quand, tout à coup, comme si le son s’évadait brusquement du tournant de la montagne,