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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/49

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venu ici quelques jours après et je n’ai pas manqué de le questionner à son tour :

— Eh bien ! ton père discute-t-il toujours au sujet de Turinaz ?

— Mon papa ne s’est disputé avec personne ces temps-ci, m’a-t-il répondu.

Je n’ai pas été trop étonné, car il ne doit guère parler de politique chez lui, surtout à ses gosses. Mais au pays il y a des gens qui lisent les journaux : le maître d’école, le brigadier forestier, le maire : je leur ai demandé de me renseigner parce que, à la fin des fins, je me demandais si Turinaz et Rocafort avaient vraiment existé. Ils avaient bien entendu parler vaguement autrefois de ces deux citoyens-là, mais ne savaient plus au juste au sujet de quoi. Le curé, peut-être, aurait pu me donner le fin mot de cette histoire, mais il est vieux, ne sort guère de chez lui, et comme je ne suis pas un de ses clients les plus assidus, je n’ai pas osé aller le déranger.

Il faut, à mon avis, que ce sacré bougre de Médée soit tombé sur un ancien journal dont il n’aura pas regardé la date et qu’il m’ait raconté comme étant du neuf une vieille affaire, car c’est un garçon qui ne rit pas, lui, et qui n’a jamais eu l’idée de jouer une farce à un voisin ou à un ami.

Je me suis dit : quand not’ Parisien s’en viendra, je lui demanderai et il m’expliquera, lui qui sait