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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/52

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quelques propos sacrilèges que les mauvaises langues : francs-maçons, libres-penseurs, anarchistes, parpaillots, ennemis déclarés de Dieu et de ses ministres, brebis galeuses fort rares heureusement dans son troupeau, s’essayaient malicieusement dans l’ombre à propager.

Car si ses paroissiens préféraient aux flots de son éloquence dominicale et sacrée déversée ex cathedra ou jetée simplement de la table de communion, le plaisir plus positif de la partie de quilles et de l’apéro sous la tonnelle de l’ami Nestor, dit Castor, aubergiste patenté, il n’en était pas moins vrai qu’aux grands dimanches, à Pâques, à la Pentecôte, à la Fête-Dieu, voire à la Saint-Pierre, fête patronale, ainsi qu’à l’Assomption, à la Toussaint et à Noël, tous les hommes, jeunes et vieux, avec les femmes et les enfants, se trouvaient là, au grand complet.

De même si beaucoup, si la plupart, pour ne pas dire tous, négligeaient depuis de longues années leur devoir pascal, il ne s’en trouvait pas un qui, à l’heure dernière, n’appelât à son chevet ce brave vieux bougre qui les avait vus vivre et les avait aidés en tout temps de ses bons conseils et de ses encouragements amicaux.

Le curé de Melotte était donc encore universellement aimé et respecté : n’était-il pas un des plus vieux du village et des plus anciens de la paroisse ! Mais il n’était plus craint. Ses foudres de carton,