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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/55

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de sonner ; il n’eut que le temps de réendosser prestement sa soutane et de filer en hâte à la sacristie pour revêtir les habits sacerdotaux.

Tout alla bien d’abord, mais lorsque l’heure vint de frotter de cendres le front de ses paroissiens en leur répétant la formule latine consacrée :Memento quia pulvis es, « Souviens-toi que tu n’es que poussière », il se troussa vivement afin d’atteindre dans sa poche la petite boîte métallique préparée et contenant la poudre grise nécessaire à la cérémonie.

Il ne la sentit point, se tâta vivement de l’autre côté, ne la trouva pas davantage et, dans son trouble, oubliant le lieu dans lequel il se trouvait et la gravité de l’heure, il s’exclama à mi-voix :

— Sapristi, j’ai oublié tout ce qu’il me faut dans ma culotte !

Le mot ne fut point perdu, et voilà comment naissent les légendes et se fondent les réputations calomnieuses ; cela passa en proverbe et l’on en vint à dire d’un gaillard qui… d’un gaillard que… d’un gaillard enfin… d’un gaillard :

— Ah, ah ! il est comme le curé de Melotte, il a tout ce qu’il lui faut dans sa culotte, laissant entendre des choses… enfin, n’insistons pas.

Nonobstant, les gens de bonne foi, et c’est de ceux-là seuls que compte l’opinion, savaient à quoi s’en tenir sur cette fable, et sa vieille répu-