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Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/94

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hommes pourvu toutefois que le confident eût provoqué cet aveu par l’offre de deux ou trois bouteilles de picolo de l’année ou de derrière les fagots, selon la gravité de l’heure présente.

Ils avaient un chic spécial et une habileté extraordinaire pour s’excuser auprès des Rouges d’avoir été vus à l’offerte le dimanche, et auprès des Blancs pour s’être laissé entraîner à fêter le 14 juillet parmi les drapeaux, les lampions, les litres et les Marseillaise.

Ils avaient vu avec plaisir les citoyens conscients du pays adhérer à des comités divers : libéraux, démocratiques, républicains, radicaux, socialistes et senti, en bons chiens qui éventent de loin le gibier, tout le parti que leur génie assoiffé pourrait tirer de ces enrégimentations volontaires, non seulement aux élections municipales, mais à chaque coup de scrutin qu’il s’agît d’un conseiller quelconque ou d’un député.

Pour eux, leur pauvreté bien connue les privait de la joie de se jeter dans la mêlée, n’ayant jamais, disaient-ils, les quarante sous nécessaires pour faire partie de l’une ou de l’autre de ces associations politiques et trop fiers et dignes pour accepter l’aumône d’une cotisation que certains richards dévoués à leur cause eussent payée bien volontiers.

C’est ainsi qu’ils avaient béni plusieurs générations de députés, conseillers généraux, conseil-