Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/193

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« En ce temps de sombres conflits, de douloureuses fins et de laborieuses genèses, participer au bon combat des naissants altruismes, des enthousiasmes humanitaires contre les vieilles rapacités, contre les persistantes cruautés, est encore pour tous ceux qui ont de la justice dans la conscience et de la pitié dans le cœur, la seule vie qui soit digne d’être vécue[1]. »

La force, la puissance de Tolstoï, c’est d’avoir mis en pratique ses nouvelles théories de la vie.

« L’idée pure n’est qu’une virtualité ; la matière pure est inerte : l’idée n’arrive à être réelle que grâce à des combinaisons matérielles. Tout sort de la matière ; mais c’est l’idée qui anime tout, qui, en aspirant à se réaliser, pousse à l’être[2]. »

Les idées les plus vraies, les plus sublimes, lorsqu’elles ne sont pas mises en pratique par celui qui les prêche ne peuvent jamais exercer une influence sur les masses. Le malheur de notre temps, c’est que les hommes conscients, ceux qui sont déjà arrivés à comprendre où est le salut du monde, n’agissent pas d’après leurs idées et souvent ne font pas ce qu’ils prêchent.

« Vanité, vanité et rien que vanité ! jusque devant le cercueil et parmi des gens prêts à mourir pour une idée élevée. La vanité n’est-elle pas le trait caractéristique, la maladie distinctive de notre siècle[3] ? »

La vanité nous aveugle et ne nous laisse pas voir le chemin à suivre. Et pourtant le salut est possible : il est en nous.

  1. B. Malon. Précis de socialisme, préface, p. xi.
  2. Renan. Dialogues philosophiques, p. 55.
  3. Tolstoï. Sébastopol, 1855.