Page:Lourié - La Philosophie de Tolstoï.djvu/20

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donna à sa conscience une acuité maladive telle, que souvent en pensant à la chose la plus simple, il se mettait à analyser sa propre pensée.

Tolstoï entra à l’Université en 1843, c’est-à-dire à l’âge de quinze ans, à la faculté des langues orientales. Il n’y avait aucune raison particulière dans le choix de cette faculté, si ce n’est celle que tout le monde se portait généralement vers la faculté de droit : Tolstoï dans sa jeunesse ne voulait jamais être comme tout le monde. D’ailleurs, un an après, Tolstoï abandonna la faculté des langues orientales pour celle de droit. Durant les premiers mois il s’intéressa beaucoup au Droit d’État ; il commença même un travail comparatif de l’Esprit des droits de Montesquieu et des Lois de Catherine II, mais au bout d’un certain temps, le travail fut abandonné. Il avait commencé à lire des ouvrages de philosophie dès l’âge de seize ans ; il se passionna beaucoup pour Rousseau, et c’est avec discernement et de très bonne heure, qu’il abjura sa foi première. Élevé dans la religion chrétienne orthodoxe, à dix-sept ans il ne croyait plus à l’Église, et cela suivant sa propre impulsion.

Mais si Tolstoï ne croyait plus à ce qu’on lui avait enseigné dans son enfance, il croyait à quelque chose. Ce quelque chose était le perfectionnement moral. Il n’aurait pu dire en quoi consistait ce perfectionnement moral. Il tâchait de se perfectionner spirituellement. Il essayait de développer sa volonté. « Je voulais être bon, mais j’étais jeune, j’étais seul, tout à fait seul, quand je cherchais le bien[1]. »

  1. Confession.