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Page:Luís Fróis et al. - Lettres du Iappon - 1580.djvu/80

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dv Iappon.

ſent, n’euſt iamais ſouffert telle eſcorne. En particulier il ſe plaignoit bien fort de moy, par ce que retournant vne fois de celebrer vn bapteſme de quatre cents perſonnes, i’entray hardiment auec les Chreſtiens au dedans de ſon temple, & ruay par terre toutes les ſtatues que i’y trouuay commandant aux Chreſtiens de leur oſter les teſtes. Ce qu’ils excecuterent, entre leſquelles ſtatues il y en auoit deux en forme de lyons, leſquels ſelon l’opinion de ce vulgaire abeſtiſſoient les Seruiteurs & angages de ce grand Dieu. Or cependant que le Roy eſtoit au plus grand de la feſte, & que ce pauure endiablé vrloit voicy venir comme vne nue de cailloux, qui leur donnerent ſur le dos auec vne ſi grande furie, & vehemence, qu’ils prindrent tous la fuitte. Tellement que de plus de vingts milles perſonnes, qui eſtoient à la feſte, n’en demeura vn ſeul, ſi grande eſtoit la multitude des cailloux, & l’effroy, & terreur, qui leur chauffa les eſperons, & ſi iamais ne peurent deſcouurir, d’où procedoit ceſte tempeſte, ny par qui ces cailloux pouuoient eſtre iettés. I’ay coniecturé à par moy, que c’eſtoient les bienheureux anges, leſquels à noſtre faueur combattoient la querelle de Dieu, choſe qui à merueilleuſement encouragé les Chreſtiens, &