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Page:Lucie Delarue-Mardrus - El Arab.djvu/178

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Le Caire

J. C. Mardrus me jouait quasiment un tour. À peine arrivés au Caire il fit monter notre voiture jusqu’à la Citadelle, me tendit la main pour grimper l’escalier de pierre et, quand nous fûmes en haut sur la plateforme, me laissa regarder sans me dire un mot.

Un panorama de sable et de ciel, quelques palmiers… Oui… Le Nil… Et puis, — il me fallut un moment pour comprendre — les Pyramides !

À Cette distance elles étaient toutes petites ; et mes yeux avaient cligné tout de suite vers ces incompréhensibles points noirs, si durement cloués dans la mollesse désertique.

Après cette présentation majeure, après la contemplation qui suivit, nous pouvions redescendre, songer à nous installer dans notre hôtel.

C’était du côté le plus européen du Caire, ville de plaisir pour étrangers. Si les palaces n’en étaient pas encore à singer le style des pays qu’ils envahissaient, l’atmosphère du Shepherd, déjà, n’était plus celle, internationale, de la Suisse hôtelière. Les murs à la chaux des chambres, le costume doré des Barbarins qui servaient en bas (les Barbarins, ces noirs dont le profil régulier, presque grec, est si souvent celui d’une pure médaille de bronze), enfin l’exotisme soigneusement respecté du jardin aux allées sablées de rouge, ces détails s’associaient avec la lumière et la chaleur pour qu’on se sentit ailleurs qu’en Occident.

… Ce qui n’empêchait pas un « small dancing » ou